Polytechnicien, 100% prof particulier pour lycéens sur Nice, futur coach (-50% crédit d'impôt)

En savoir plus sur Loan

• Depuis quand développez-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  J’ai toujours aimé les sciences, parce qu’elles m’ont aidé pendant 25 ans à répondre à la grande question : « pourquoi… ? ». Jusqu’à ce qu’elles ne suffisent plus, et que je commence à m’intéresser à une autre question : « comment… ? ». Mais c’est une autre histoire !
  
  J’ai donc étudié les maths pour apprendre à penser, la physique et la chimie pour comprendre notre monde, la biologie pour comprendre la vie, les neurosciences pour comprendre la pensée, et la médecine pour comprendre l’humain. Ma conclusion : c’est un processus infini.
  
  Les cours particuliers ? J’ai commencé ma carrière en CE2 !!! Vu que je m’ennuyais en classe, la maîtresse m’envoyait dans les rangs pour aider les copains. Ma mère en était horrifiée, mais c’était en fait une excellente idée, car on progressait ensemble tout en rigolant !
  
  J’ai réellement commencé les cours particuliers en école d’ingénieur, pour le plaisir, et j’ai continué pendant mes études de médecine, pour les financer : cours particuliers pour lycéens, interrogations orales de maths et TD d’informatique en prépa. Ma passion était toujours plus grande, car l’enseignement est un art qui s’appuie, je crois, sur trois questions permanentes pour l’enseignant : « qu’est-ce que cet élève n’a pas compris ? Comment l’aider à se poser la question qui va le débloquer ? Comment l’amener à trouver sa réponse ? »

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  J’aime les maths pour leur rigueur et leur « simplicité » : seules les mathématiques peuvent réduire une affirmation à « vrai » ou « faux ». Partout ailleurs, on doit nuancer son propos. Par conséquent, j’accorde une importance particulière aux bases de la logique, à l’organisation et à la rédaction, afin que mes élèves comprennent que les maths sont juste un outil de raisonnement.
  
  Quel que soit le thème étudié, j’aime expliquer pourquoi on l’a « inventé » et à quoi il est utile : d’où vient le théorème de Pythagore ? Pourquoi est-ce que la « masse » est un concept subtil ? Pourquoi a-t-on eu besoin de créer les nombres complexes ? Pourquoi doiton remercier Einstein pour nos GPS ? Cela nécessite un contexte historique et une vision d’ensemble des sciences, ce qui prend du temps. Mais cela permet d’aborder intelligemment le « chapitre », de développer son intuition, de se poser les bonnes questions, et à moyen terme de progresser bien plus vite.
  
  Ce qui me plait beaucoup moins : demander à mes élèves d’apprendre par cœur sans réfléchir, ou les obliger à faire des calculs bourrins pendant deux heures. Malheureusement, j’ai appris par l’expérience que ce sont des étapes nécessaires à certains moments…

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  Mes modèles sont innombrables : mon maître de CE1 pour sa passion, Albert Einstein et Jiddu Krishnamurti pour leur remise en question inconditionnelle de toute forme d’autorité, une pédiatre en maternité pour l’indescriptible humanité de son examen d’un nouveau-né, et surtout des ami-e-s de longue date pour leur soutien sans faille.
  
  Durant ma formation, deux professeurs de l’Ecole Polytechnique m’ont marqué.
  
  - Jean Dalibard : durant ses cours sur les bases de la mécanique quantique, tout semblait évident, d’une simplicité déconcertante. Et puis, une fois seul devant mes cours : « mais en fait c’est hyper compliqué ! ». J’ai alors compris que chaque détail de son enseignement avait été méticuleusement réfléchi.
  
  - Gilles Dowek : il commence son premier cours d’informatique avec une boîte à chaussures à la main, qu’il a soigneusement peinte en bleu : « ça, c’est une variable, et dedans on peut mettre une valeur ». Premier réflexe de l’étudiant : « il me prend pour c** ». Et puis, arrivent d’autres boîtes, et d’autres couleurs de boîtes. Et là, ça devient beaucoup plus sérieux. Depuis, tous mes élèves de maths et d’informatique entendent parler de boîtes à chaussures.
  
  Enfin, si vous cherchez une lecture au coin du feu : Plaidoyer pour le bonheur (Matthieu Ricard), Paroles (Jacques Prévert), L’alchimiste (Paulo Coelho), La joueuse de go (Shan Sa), Le parfum (Patrick Süskind).

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  Avant tout, il faut maîtriser parfaitement ce que l’on enseigne, de bout en bout, profondément. L’enseignant doit pouvoir se concentrer à 100% sur sa mission : transmettre. C’est pour cette raison que j’évite d’enseigner en post-bac, niveau où il me faut parfois réfléchir.
  
  Ensuite, il faut être capable de se mettre à la place de l’élève, de comprendre ce qui lui manque et ce qu’il ressent. C’est pour cette raison que j’éprouve des difficultés avec les élèves avant le niveau 4e : je ne comprends pas ce qu’ils ne comprennent pas !
  
  Ainsi, chaque enseignant est adapté à un certain niveau, et il me semble primordial de savoir le reconnaître.
  
  Enfin, je crois que l’enseignement doit être une passion dirigée par l’intérêt de l’élève : l’aider à progresser, l’aider à prendre confiance en lui, l’aider à se construire en tant qu’être humain. La personnalité de l’enseignant peut être un outil pédagogique, mais c’est tout. L’ego de l’enseignant n’a pas sa place, ce qui signifie un immense travail sur soi avant de pouvoir commencer à enseigner correctement.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  J’ai la fâcheuse habitude d’utiliser tout ce qui me tombe sous la main pour représenter des concepts abstraits afin d’aider mes élèves à les visualiser : des stylos, des gommes, etc.
  
  C’est ainsi que, après avoir aidé ma petite sœur en maths quand elle était au collège, j’entends encore parler aujourd’hui de la « grosse boule de billard noire qui répond à toutes vos questions » et qui servait presque à tous les cours. Bien sûr, depuis, elle a oublié les maths qui allaient avec…
  
  Avec le même objectif, j’introduis souvent les vecteurs en faisant faire une petite chorégraphie à mes élèves. J’ai enseigné pendant un an en collège/lycée, dans un établissement adapté au handicap, et j’ai gardé mon habitude. Me voilà donc face à ma classe de Seconde, dont la moitié est en fauteuil roulant, annonçant avec un grand sourire : « bon, on va faire une chorégraphie ensemble, tout le monde debout ! ». Regards noirs mêlés d’amusement. [Note pour le lecteur : établir un respect mutuel avec sa classe avant de se permettre ce genre de choses].

• Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l’école…

  Oh que oui !
  
  Lycée Louis-le-Grand, Première S. Premier chagrin d’amour. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue. DS de maths : 5/20. Moralité : il faudrait savoir faire la part des choses, mais il faut aussi accepter que l’on ne peut pas tout faire en même temps.
  
  Lycée Louis-le-Grand, Prépa scientifique. Premier DS de 1e année : premier de la classe. « Bon, en fait c’est pas si dur, je vais pouvoir me détendre ». Premier DS de 2e année : dernier de la classe. Moralité : ne jamais se reposer sur ses lauriers.
  
  Ecole Polytechnique. Un cours de maths stratosphérique par un prof complètement allumé. C’est à ce moment que j’ai compris cette phrase si commune : « je déteste les maths ». Moralité de l’élève : il faut savoir reconnaître ses limites. Moralité du futur enseignant : on ne donne pas le cours qu’on aime, on donne le cours dont l’élève a besoin.
  
  Médecine, 5e année. Redoublement, presque triplement. Je passais l’essentiel de mon temps à préparer avec passion des cours de maths et d’informatique pour mes élèves, alors que je m’insurgeais devant l’enseignement « par cœur » de la médecine. Moralité : privilégier ce que l’on aime et ce qui nous correspond, et savoir oublier le reste, même si on y a investi des années.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  - Les jeux. Ce sont des laboratoires miniatures de l’humain, de ce qu’il a de pire et de meilleur, et un moyen passionnant pour savoir qui on a réellement en face de soi. La dynamique des populations, la théorie des jeux et le jeu de go sont les prolongements « sérieux » de cette passion.
  
  - L’escalade de bloc. Cette discipline requiert une parfaite coordination du corps et de l’esprit, au point qu’en compétition on appelle « problem » une voie à grimper. L'escalade est pour moi l'une des plus belles manières d'atteindre la sérénité décrite par l'expression « un esprit sain dans un corps sain ».
  
  - La danse de couple (salsa, tango). Une danse est réussie lorsque les partenaires parviennent à créer et entretenir une « connexion ». C'est un état de coopération que j'essaie de mettre en place avec mes élèves lorsque l'on travaille ensemble, et que je nomme « alliance pédagogique », par analogie avec l'alliance thérapeutique de la médecine.
  
  - Le codage informatique. Que ce soit pour un site web, l’automatisation d’une tâche fastidieuse, un robot de trading, ou une IA de deep learning… Plus on s’y plonge, plus le code informatique devient une véritable création artistique !
  
  - La spiritualité : comprendre la pensée, de soi ou d’autrui. Cela me conduit à explorer des cultures diverses et souvent contradictoires : développement personnel, coaching, bouddhisme, productivité, non-dualité…
  
  - Et puis aussi : les cryptomonnaies, le kitesurf, la moto, mon chat, etc.

• Qu’est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d’avoir répondu à cette interview) ?

  Il me semble que l’on est toujours le plus mal placé pour juger ses propres qualités !
  
  - Ce qui est essentiel à mes yeux : mon désir permanent de progresser. Après chaque cours, je réfléchis à ce que j’aurais pu mieux faire, mieux dire, mieux présenter. Souvent, j’envoie des compléments, des précisions ou une autre vision à mes élèves. Je n’hésite pas à reconnaître mes erreurs, et à les utiliser comme des outils. Le jour où je perdrai ce désir, je changerai d’activité.
  
  - Ce qui transparait dans cette interview : mon attachement à l’humain avant le savoir. Je travaille avec mes élèves, pour mes élèves, pour leur construction et leur épanouissement. Le savoir, le savoir-faire et les notes viennent en complément, pas en priorité.
  
  - Ce que mes élèves me disent : mon approche est inhabituelle, et leur permet de progresser de manière significative, ou de se réconcilier avec une matière.
  
  - Ce dont je suis fier : je n’oserais pas affirmer « 100% de réussite garantie », car aucun enseignant ne le peut. Mais j’ai la conviction d’avoir aidé l’immense majorité de mes élèves à développer leur pensée et leur personne, en sciences et ailleurs. Pour reprendre Plutarque : « L’esprit n’est pas comme un vase qui a besoin d’être rempli ; c’est plutôt une substance qu’il s’agit seulement d’échauffer. »